Après l’immense succès de La Grande Aventure LEGO du duo Lord/Miller, Warner Bros. a trouvé un potentiel énorme (mais surtout beaucoup de $$$) dans cette franchise. Il est donc normal de voir ce Lego Cinematic Universe s’ouvrir à des spins-off comme celui ci, centré sur Batman. Alors que dire de ce LEGO Batman ? Grand successeur du génial La Grande Aventure LEGO ou simple cashgrab ? Réponse…
Synopsis :
Il en rêvait depuis La Grande Aventure Lego : Batman est enfin le héros de son propre film ! Mais la situation a bien changé à Gotham – et s’il veut sauver la ville des griffes du Joker, il lui faudra arrêter de jouer au justicier masqué et découvrir le travail d’équipe ! Peut-être pourra-t-il alors se décoincer un peu…
Critique :
L’ambitieux La Grande Aventure LEGO signé par le duo Lord/Miller avait été l’une des grandes surprises de 2014. Alors qu’elle aurait pu se contenter d’être une opé publicitaire d’1h40 (tout est dans le titre), elle s’était employée à évoquer l’enfance contemporaine. D’où sa trame effrénée, noyée dans la culture pop, les conventions d’écritures, et traitant l’obsession moderne d’être « spécial ». Jusqu’à s’offrir, dans son trio de tête, le visage bien connu du héros DC Comics aux ailes de chauve-souris. Un Knight pas si ‘Dark’, poseur et suffisant. Avance rapide, et sortie sur les écrans de LEGO Batman.
Pour cette nouvelle grande aventure, l’alter-légo de Bruce Wayne n’a conservé de la précédente que l’hyperactivité. Dès son ouverture, le film nous plonge à vitesse maximale dans les 80 ans d’une licence, âge d’or gothique et tréfonds du kitsch confondus. Le 10ème long-métrage de l’orphelin justicier considère (enfin ?) sa mythologie comme acquise : galerie de vilains, bat-arsenal de gadgets, véhicules et personnages d’arrière-plan tiennent leur place rituelle. Un récit qui assume de traiter son héros comme un mythe populaire indélébile… Pour mieux en esquinter le caractère sacré. Immature, contradictoire, têtu, fiérot dans sa caverne à chiroptères, le Batman de briques jaunes tourne en rond solo et défait son ennemi juré comme il ajuste sa cravate de playboy milliardaire misanthrope.
Batman n’aurait-il besoin de personne ? En prenant la question pour thème central, LEGO Batman s’autorise une liberté de ton qui va autant chercher, en plus de l’évidente avalanche de vannes geek, du côté de la comédie romantique ou du ‘buddy movie’ pour livrer une vision moderne de famille réassemblée et nécessaire.
Déjà à l’œuvre sur Robot Chicken, émission US de parodies trash en stop motion, Chris McKay injecte derrière la caméra son acidité, exprimant pour Batman l’urgence de se réinventer. Il donne ainsi aux fans les clés d’une double-lecture : grand procès d’intention au ‘tout-sombre’ prudent, et plaidoyer pour un retour du fun. Quitte à en devenir, sur 1h45, épuisant. LEGO Batman ne ralentit jamais et appuie son humour sur des comédiens en parfaite roue libre (Will Arnett, Ralph Fiennes, Rosario Dawson, Michael Cera, Zach Galifianakis).
Et si elle est forcément moins riche en surprises, cette nouvelle aventure talonne bien son aînée dans l’intention qu’elle a de penser les codes super-héroïques pour mieux les déconstruire. Take that, Deadpool!
Pas de commentaire