De nom le film ne vous dit rien, si vous habitez sur Paris, vous avez surement dû voir les bannières dans le métro mais Midnight Special est bel et bien l’un des films de science-fiction les plus attendus de cette année. Pour l’occasion, Jeff Nichols retrouve encore une fois son acteur fétiche Michael Shannon après Shotgun Stories, Take Shelter et Mud : Sur les rives du Mississippi. Et pour cette critique, oubliez Batman vs Superman et Cap’ vs Iron Man, le vrai combat est ici. 2 rédacteurs de la team ont vu le film et ont différentes options sur le film. Alors, que vaut vraiment Midnight Special pour eux ? Réponse…
Synopsis :
Fuyant d’abord des fanatiques religieux et des forces de police, Roy, père de famille et son fils Alton, se retrouvent bientôt les proies d’une chasse à l’homme à travers tout le pays, mobilisant même les plus hautes instances du gouvernement fédéral. En fin de compte, le père risque tout pour sauver son fils et lui permettre d’accomplir son destin. Un destin qui pourrait bien changer le monde pour toujours.
Critique négative de Doug :
A 37 ans, Jeff Nichols a su peindre en trois films remarqués (à Cannes 2012, entre autres, avec le troublant Mud : sur les rives du Mississippi) tant de lancinants portraits de marginaux que de poignantes incursions dans la Famille américaine. Passées près de quatre années d’absence en salles, le cinéaste retrouve aujourd’hui et pour son coup d’essai dans la science-fiction l’acteur Michael Shannon, déjà héros tourmenté de son Take Shelter (2011). Il incarne ici la figure d’un père fugitif, dont l’enfant et les pouvoirs surnaturels dont il est doté sont autant convoités que craints.
Dans un silence éloquent mais avec une grande maîtrise, les premières images de Midnight Special en peignent l’intrigue tout en zone d’ombres : Alton, enfant annoncé-prodige est une nuit kidnappé par son père Roy, déterminé à l’éloigner. De quoi ? Vers où ? Avec ses silhouettes, Nichols compose alors dans la nuit, abandonnant le temps d’une haletante première heure la palette ocre-sépia qui fit le teint pesant, obsédant de ses précédentes réalisations. Sur la durée, il n’a certainement rien perdu de sa fluidité ni d’un sens singulier de l’intime et tend avec brio le fil de sa fresque parentale. Les personnages sont soignés, animés tant par l’obsession du contrôle que par la nécessité du lâcher-prise.
Le film développe dans cette optique de belles idées de miroir : le personnage d’Adam Driver (d’un casting accompli, il est l’un des francs atouts) et ses dilemmes moraux de confiance en l’avenir évoquant par exemple ceux qui motivent Roy dans son amour/emprise sur son fils.
Reste pourtant le lourd regret d’un film survolé : d’abord, avec une narration qui trébuche en non-révélations et semble ménager avec effort ses effets maladroits et revus. A jouer de build-ups dramatiques qui ne prennent jamais (jusqu’à un dernier plan franchement gauche), Nichols semble perdre de vue la dynamique de son récit. Même constat pour la mythologie occulte que les deux heures de film distillent avec réserve : le cinéaste s’attarde en hommages (les évidences Spielberg/Carpenter) et rend hermétiques les pistes brouillonnes qu’il met en place avec une imagerie empruntée. Ce sens de l’énigme, le même, lancinant, qui laissait la place au rêve sur Take Shelter, n’en a plus ici la force.
On sort dubitatifs de Midnight Special, tant marqués par l’inépuisable lexique de cinéaste de Jeff Nichols que par ses obsessions thématiques ; mais avec, pour cette fois, davantage en tête ses aînés et inspirations. Et avec, (pour cette fois seulement?) le goût amer d’une tornade promise mais soigneusement esquivée.
Critique positive d’Océane :
On est plus qu’heureux de retrouver après trois ans d’absence sur nos écrans le talentueux Jeff Nichols. Surtout que pour son arrivée dans une major hollywoodienne (Warner), il met les petits plats dans les grands et nous livre un hommage au cinéma de science-fiction que Spielberg et Amblin n’auraient pas renié.
Oui, Midnight Special est un hommage à ce cinéma ayant bercé les années 80/90 mais il serait dommage de le réduire à cela, tant il s’agit d’une proposition de cinéma hybride, entre l’épique de certains blockbusters et la touchante relation entre un père et son fils. Ici, il ne s’agit pas tant d’en mettre la vue (même si la mise en scène de Nichols est toujours somptueuse, le réalisateur s’améliorant de film en film), que de raconter de manière touchante l’histoire d’un père obligé de laisser son fils s’éloigner loin de lui pour devenir un adulte et obtenir son autonomie.
Des thèmes angoissés renvoyant forcément au superbe Take Shelter avec lequel il partage également un goût du mystère. Le film en laissera plus d’un dubitatifs : en effet, si l’on peut reprocher quelque chose au quatrième long-métrage de Nichols, ce sont les twists, distillés de manière inégale voire lourde sur la fin. Mais on peut aussi louer cette liberté que laisse Nichols au spectateur d’avoir une variété d’interprétations toutes personnelles à chaque évènement du film, qu’il soit surnaturel ou non.
Le réalisateur a une confiance absolue en la capacité de chacun de nous à créer une explication à tout ce que l’on voit. Répondre à toutes les questions gâcherait le mystère ; quant à certaines interrogations, elles n’ont tout simplement pas besoin de réponses.
Et malgré quelques fautes de goût (oui, ce plan final n’était pas nécessairement utile), on ressort soufflé par la belle mélancolie teintée d’optimisme qu’offre Nichols à la fin de son récit. Le score de David Wingo, et le superbe casting emmené par un Michael Shannon une fois de plus impérial achèvent finalement de conquérir notre cœur.
Alors, qui vous a convaincu le plus ? Douglas ou Océane ?
#TeamDouglas
#TeamOceane
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