Avertissement – Il est préférable d’avoir vu Avengers : Endgame avant de lire cette critique.
Le MCU prend à chaque film un peu plus la forme d’une série dont on suivrait les épisodes sur grand écran. Cette trajectoire rend difficile d’analyse chaque long-métrage comme un objet à part entière. Il devient donc plus pertinent d’aborder ces productions comme les pièces d’un puzzle que comme des propositions singulières. Cela cloisonne forcément le travail d’analyse, puisque l’on finit par ne s’adresser qu’aux aficionados des 22 films de la franchise. Et Spider-Man : Far From Home, suite directe d’Avengers : Endgame (pourtant encore en salles !), ne sera pas celui qui change la donne.
Synopsis :
Après les événements d’Avengers : Endgame, Spider-Man doit assumer ses responsabilités et faire face à de nouvelles menaces dans un monde changé à jamais.
Critique :
« Le récit se rythme de surprises bienvenues qui rafraîchissent par endroits le mythe de l’Homme-Araignée. »
Cette nouvelle aventure démarre quelques semaines après la victoire des Avengers contre Thanos et le retour de ceux qui furent ses victimes 5 ans auparavant. La Terre pleure Tony Stark, s’inquiète de savoir qui sera son successeur. Et Peter Parker, désormais sans mentor, va profiter de vacances en Europe avec sa classe pour tenter de retrouver ses marques. Mais, déjà, de nouvelles menaces sous la forme de colosses élémentaux sèment la panique à travers le monde. Et le nouvel et intrigant héros Mysterio fait son apparition.
On retrouve d’emblée la légèreté d’écriture qui faisait la force de Spider-Man Homecoming. Le film développe une trame sans prétention qui navigue entre teen-romance et comédie d’action. Les enjeux du monde lycéen moderne de Peter Parker (smartphones et premiers amours) croisent le folklore super-héroïque entre espionnage, gadgets, aliens et acrobaties. Le récit se rythme de surprises bienvenues qui rafraîchissent par endroits le mythe de l’Homme-Araignée. Et la thématique « Voyage » du film complète son atmosphère estivale et dépaysante. Les 2 heures 10 filent en un clin d’œil.
La réussite du film tient aussi à l’alchimie de sa galerie de comédiens. Tom Holland est au diapason de ses camarades, jeunes et moins jeunes, Zendaya en tête. C’est le charme de leur couple qui magnifie les intentions d’un script un brin convenu. Jake Gyllenhaal, nouvel arrivant, se révèle lui parfaitement à l’aise dans la peau du troublant et charismatique Quentin « Mysterio » Beck. Un rôle dont on se gardera d’évoquer les meilleures interventions pour protéger une intrigue riche en twists.
En toile de fond du scénario, la société du spectacle et la « post-vérité » sont comme un piège refermé sur l’Amérique et le Monde. Jon Watts compose une poignée de séquences inspirées pour capturer la paranoïa moderne. On retient autant les clins d’œil à Evil Dead ou Matrix que les références aux comics de Steve Ditko. Watts les détourne savamment, et la campagne marketing du film s’est bien gardée de trop en montrer. Bémol en revanche pour les scènes post-génériques ! Elles sont le prolongement direct du propos et sont traitées comme les miettes de futurs films. Il y avait matière à mieux boucler.Far From Home est calibré pour régner sur les écrans dès sa sortie le 3 juillet. On y retrouve les ingrédients d’un blockbuster solidement dosé. Mais il a surtout l’humilité de ne jamais se mesurer aux opus de Raimi ou au récent Spider-Verse. Il s’en trouve plus sincère et digeste. Et en ces temps d’overdose cynico-super-héroïque, ce sont des qualités qui méritent d’être reconnues.
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