C’était en 2014 — 10 ans après la sortie des Indestructibles qui fût un succès critique et commercial que Bob Iger, PDG de Disney, annonça enfin la mise en chantier d’une suite au film avec le retour de Brad Bird, réalisateur et scénariste du premier volet, à la barre du film. On est actuellement en 2018 et je pense que l’on tient là le film le plus attendu de l’année (exit Infinity War). Mais que vaut vraiment Les Indestructibles 2 ? Réponse…
Synopsis :
Les Indestructibles sont de retour ! Cette fois c’est Hélène qui se retrouve sur le devant de la scène avec pour mission de sauver le monde d’une terrible menace, laissant à Bob le soin de mener à bien les milles et une tâches de la vie quotidienne et de s’occuper de Violette, Flèche et de bébé Jack-Jack.
Critique :
« Charmant et drôle, Les Indestructibles confirme est l’un des meilleurs blockbusters de cette année. »
Plusieurs options s’offraient à Les Indestructibles 2 : faire une Toy Story 2 et aller au-delà de l’original, faire une suite classique divertissante sans le wow factor ou faire une Cars 2 et donc perdre le contrôle du volant et regarder votre voiture brûler.
Et c’est avec une joie que j’annonce que Les Indestructibles 2 est sa propre option. Surfant sur le génie du premier volet, mais ayant perdu l’effet de surprise sur le chemin, Les Indestructibles 2 est la suite attendue, mais n’arrive pas à la cheville de l’original.
Les Indestructibles 2 reprend là où il avait laissé son spectateur 14 ans plus tôt. Le Démolisseur attaque la ville pendant que la famille Parr essaye tant bien que mal que de l’arrêter et contenir les dégâts qu’il inflige à la ville. Les Parr et Frozone sont obligés de ranger une fois de plus les costumes au placard lorsqu’un entrepreneur leur promet de faire adopter une loi rendant les « supers » légaux. Mais pour cela, il a besoin de réhabiliter l’image des « supers » avec l’aide d’Elastigirl. On retourne le scénario du premier volet sur sa tête et cette fois-ci, au lieu que le mâle va casser du méchant et la femme reste à la maison s’occuper des méchants, on observe le contraire.
Brad Bird revient sur la scène de l’animation pour montrer qu’il est toujours aussi talentueux et nous offre un film super-héroïque qui n’a rien à envier aux productions de Marvel Studios ou DC Comics. Son sens de la mise en scène est toujours aussi formidable notamment avec la fabuleuse scène de la course poursuite du monorail avec Elastigirl qui est magnifiquement chorégraphié et la scène de Jack-Jack contre un raton laveur qui est pleine d’idées et est hilarante. On regrette simplement le manque d’approfondissement sur le thème familial du film du père à la maison et de la mère allant au travail ainsi que la révélation du méchant du film beaucoup trop prévisible.
En bref : L’attente valait le coup. Bien que celui-ci ne surpasse pas l’original, Les Indestructibles 2 est charmant, drôle et confirme son statut de l’un des meilleurs blockbusters de cette année.
Conférence de presse en présence de Brad Bird et des producteurs – Les Indestructibles 2
À l’occasion de la sortie du film, Mikaelson a eu la chance d’assister à la conférence de presse française des Indestructibles 2 en présence du réalisateur et scénariste, Brad Bird, ainsi que les producteurs.
Question: Est-ce difficile d’équilibrer la partie dynamique familiale et la partie super-héroïque du film ?
Brad Bird : Oui, bien sûr, c’était un challenge, mais c’est ce qui fait de ce film une expérience en mélangeant plusieurs thèmes.
Nicole Grindle : [Brad Bird] a fait un excellent job en mélangeant plusieurs styles différents pour ce film. On peut également voir les pouvoirs de la famille Parr comme un reflet de leur personnalité : l’homme de la maison qui est incroyablement fort, Elasticgirl qui s’étire dans tous les sens comme une mère qui fait plusieurs choses à la fois, Violette qui est assez timide et qui peut disparaître, Flash qui est énergétique a une vitesse folle et Jack-Jack qui possède de nombreux pouvoirs qui reflète le potentiel illimité d’un bébé.
John Walker : Il a fallu créer une balance entre la vie normale de cette famille et leur vie super-héroïque. Du coup, dès que l’on passait trop de temps sur le côté super-héroïque, on revenait à leur vie normale et dès que l’on passait trop de temps avec eux dans leur vie normale, il fallait que leur vie super-héroïque revînt à la charge.
Q: Nous sommes dans une ère où nous sommes abreuvés de films super-héroïques. Est-ce que cela a influencé votre travail sur ce film ?
Bird : Cela a un peu cassé mon enthousiasme, oui! [rires]. Pendant des années lors de la conception du film, j’avais un peu peur de sortir mon film après que les gens aient enfin eu marre de ceux-ci. Cela m’a dérangé pendant quelques heures, mais je suis rappelé de pourquoi j’étais attiré par ce projet : utiliser le genre super-héroïque pour parler de cette famille peu ordinaire.
Q: À une époque où les films super-héroïques sont standardisés, est-ce que Brad Bird peut parler de sa mise en scène qui évoque le cinéma d’auteur ?
Walker : C’est parce que c’est un vrai réalisateur [rires]
Bird : Je m’ajuste encore au compliment très flatteur, je vais avoir la grosse tête ce soir [rires].
Pixar apprécie la différence entre les réalisateurs et chacun à sa propre voix ce qui fait la force de ce studio. J’adore travailler avec eux, car il nous donne l’opportunité d’être nous-mêmes.
Q: Comment avez-vous réagi au départ de John Lasseter [celui-ci a été viré après avoir été accusé par certaines femmes travaillant chez Pixar d’attouchement non consenti, ndlr] et quelle a été sa contribution dans la saga Les Indestructibles ?
Bird : Il a contribué sur la partie scénario de ce film. Disney ou plutôt un exécutif chez Disney ne voulait pas que le film se fasse, mais Lasseter les a convaincus de continuer le projet.
Grindle : Nous avons beaucoup de reconnaissance envers Lasseter pour son travail chez Pixar mais il est temps de laisser la place aux nouveaux venus comme Pete Doctor (Vice-Versa), Lee Unkrich (Coco) et même la réalisatrice du court métrage Bao, Domee Shi, qui réalise son propre long métrage et on est très excité de voir une femme faire ce boulot.
Q: Dans Les Indestructibles 2, on peut apercevoir un caméo de Usher et j’aurais aimé savoir comment s’est passé cette collaboration et pourquoi lui ?
Walker : Il était un grand fan du premier Indestructibles et voulait absolument être dans celui-ci. Et nous n’avons pas eu un grand rôle à lui confié, mais on a un petit cameo et il était très heureux de le faire.
Grindle : Il a dit que c’était dans sa liste de chose à faire dans la vie.
Bird : Usher a été impliqué dans l’aspect créatif de son caméo et c’est lui qui a eu l’idée de ce fan qui rate son moment clé avec son héros Frozone. Et après avoir tourné cette scène, il a crié dans la salle « OUAIS ! JE SUIS DANS UN FILM DES INDESTRUCTIBLES. »
Q: Vous avez eu beaucoup d’idées pour le premier Indestructibles qui n’ont jamais abouti. Est-ce que certaines de ces idées ont été implémentées dans ce film en particulier ?
Bird : Oui, bien sûr. La première est la scène avec le raton laveur et Jack-Jack [rires]. Teddy Newton, un artiste sur le 1er film a eu cette idée et ça m’a fait rire. Sinon, originalement, la scène entre Jack-Jack et la baby-sitter Carrie devait apparaître dans le film et non dans les bonus DVD afin que lorsqu’une scène un peu compliquée venait à apparaître, je pouvais toujours me tourner vers leurs scènes. Mais lors de la rédaction finale du scénario, il y avait une telle fluidité dans celui-ci que nous n’avons pas pu incorporer ces scènes dans le film sans ruiner cette fluidité, mais on a quand même réalisé ces scènes pour les bonus DVD du film.
Question de votre humble chroniqueur : Merci d’être présent à Paris avec nous aujourd’hui. J’aurais aimé savoir si c’était difficile pour vous d’avoir le 1er en tête lors de la conception de ce film en plus des attentes des fans du 1er et avez-vous déjà une idée en tête pour un 3e film et doit-on attendre encore 14 ans pour voir celui-ci apparaître sur nos écrans ?
Bird : Il faudra attendre 17 ans [rires]. Oui, bien sûr, lorsque que des gens apprécie un film, il y a une sorte de chose bizarre qui se produit et j’essaye de ne pas faire attention à ce que l’on dit sur Internet mais parfois, je craque et il y a presque cette attitude des fans qui disent : « J’AI ADORÉ LE 1ER FILM, TU N’AS PAS INTÉRÊT A FOIRÉ LE DEUXIÈME » [rires]. Et ça ne fait pas avancer mon aspect créatif et parfois lorsque quelque chose marche dans le premier, il faut refaire la même scène ou quelque chose dans le genre, mais je ne préfère pas penser à ça et penser seulement à « Bon si j’étais dans une salle de cinéma, qu’est-ce que j’aimerais voir à l’écran ? ».
Walker : Mais sinon, non, on ne sait pas s’il y aura un troisième pour l’instant et on préfère voir la réaction des gens avec celui-ci en premier.
Bird : Essayez d’aller voir une femme qui vient d’accoucher et de lui dire après l’accouchement : « Alors, le prochain c’est pour quand ? »
Q: Est-ce que le look du film qui ressemble aux années 70 dans ses références aux séries et dessin animé d’Anna Barbara était une idée nostalgique de leur part ?
Bird : C’était plutôt un look des années 60. Les années 60 étaient cool, les années 70 étaient moches. [rires]
Quand j’étais enfant, les films de superhéros n’étaient pas forcément bien réalisés, les méchants étaient faiblards comme les Batman et Superman de mon époque. J’ai donc préféré prendre comme exemple des films d’espion où apparaissaient des vrais méchants comme dans Dr No ou Goldfinger.
Grindle : Johnie Quest par contre, c’était sympa.
[Bird approuve]
Q: Je voulais savoir s’il y avait une idée de faire croiser les personnages de Frozone et Nick Fury du MCU, tout deux joué par Samuel L Jackson dans ce film et est-te vous intéressé par un film de super-héros en live action et pourquoi pas pour Marvel Studios ?
Bird : On m’a offert des films de super-héros en live action et certains d’entre eux sont devenu énorme sans moi donc je pense que c’était une bonne chose de ne pas y avoir touché [rires]. Mais je pense que si j’ai envie de faire un film de superhéros, j’ai ma propre famille de superhéros en qui me tourner et je préfère me concentrer sur eux.
Q: Ma question porte sur une scène particulière du film dans laquelle Elastigirl essaye d’identifier le repère de l’Hypnotiseur et lors de cette scène, on peut voir que celui-ci porte un discours politique et engagé sur le consumérisme et l’addiction aux écrans. Le problème étant que celui-ci est le méchant du film, est-ce que vous êtes d’accord avec ce discours ?
Bird : On peut déjà être fâché quand on pense que c’est un film que tu regardes sur un écran donc c’est en lui même un commentaire meta. Je pense que les méchants sont meilleurs quand ils ont un point de vue et que celui-ci est cohérence même si leurs actions ne le sont pas forcément. J’aime quand mes méchants ont du sens et je ne sais pas, c’est des méchants, ils pensent qu’ils font une bonne action.
Grindle : Les méchants ont plus d’impact et son plus intéressant quand on sympathise avec eux. Un méchant qui veut détruire le monde, on en a vu déjà pleins maintenant.
Q: Quand le 1er film est sorti, les effets spéciaux des animations n’étaient pas forcément de très bonne qualité comparée à aujourd’hui et est-ce qu’il y a eu des défis à relever au niveau des humains, de la peau, des cheveux et des explosions ? De plus, j’aurais aimé savoir quels ont été les nouveaux défis à relever en termes d’animation lors de la production de ce deuxième Indestructibles ?
Bird : Oui, bien sûr, il y a des nouveaux challenges tout le temps, mais on était sur le bord de la dépression lorsque l’on réalisait le premier film, car personne ne le faisait bien et Pixar ne le faisait pas bien non plus et du coup, nous avons fait une liste de chose en termes d’animation a laquelle il fallait réfléchir. Mais aujourd’hui, les équipements sont meilleurs et les animateurs sont bien plus expérimentés et il y a plein de talents autour du monde qui travaille chez Pixar et qui ont collaboré sur ce film. Mais je pense que le challenge principal était d’avoir une histoire correcte à raconter.
Q: On parlait du fait que vous aimez les méchants avec une vraie motivation entre Syndrome et l’Hyptoniseur, lequel est votre préféré ?
Bird : Je pense que l’on passe plus de temps avec Syndrome dans le 1er film qu’avec l’Hypnotiseur dans le second donc je dirais Syndrome mais l’Hypnotiseur n’est pas très loin.
Merci à Disney, Heaven et Arnaud pour l’invitation à cette conférence de presse
Pas de commentaire